Paul Cézanne

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 Biographie d'un incompris et d'une amitié complexe


Très belle biographie de Bernard Fauconnier qui s'attache à deux choses :


1- le caractère très particulier de Cézanne : famille omniprésente et père dont l'autorité frôle la tyrannie. Ainsi, malgré l'extrême misère de son fils, il refuse de lui augmenter sa rente mensuelle (alors que tout porte à croire qu'il était au courant de sa liaison avec Hortense et de la naissance de son fils). Mais la mère et les sœurs du peintre sont également étouffantes même si elles n'ont pas voix au chapitre de l'argent. Ainsi, après l'officialisation de sa relation avec Hortense et la présentation de son fils Paul, les femmes de la famille prennent en grippe leur belle-sœur et belle-fille et ne cesseront de la mettre à l'écart sans que Paul Cézanne n'intervienne. Mais au delà d'une ambiance familiale oppressante, tout n'explique pas le caractère cyclothymique du peintre. Sautes d'humeur, explosion de rage, euphorie, sont autant d'états absolument épuisants pour l'entourage et Cézanne perdra beaucoup d'amis, trop fatigués pour supporter une seconde de plus sa présence. A cela s'ajoute également un diabète jamais traité entrainant des phases d'énervement dû aux chutes et inversement des taux glycémiques. De la à penser que le caractère du peintre est responsable du manque de reconnaissance envers sa peinture tout au long de sa vie, il n'y a qu'un pas, car il faut bien le reconnaître, Cézanne est son père ennemi en terme de réputation.


2- l'amitié très particulière avec Zola: Zola et Cézanne c'est l'histoire de deux amis d'enfance que la vie sépare mais qui ne renoncent pas à leur amitié sans une bonne raison. Et pour le coup, Zola donnera LA raison de cette rupture avec la parution de son roman L'Œuvre, histoire d'un peintre raté, semble-t-il directement inspiré de Cézanne, qui causera la perte de leur longue amitié. B.Fauconnier, contrairement à beaucoup d'écrivains sur les impressionnistes, n'est pas aussi dur avec Zola. Dans la biographie de Degas, l'auteur n'hésite pas à lyncher Zola en prétextant que ce dernier ait fuit la France en 1870 durant la guerre. Fauconnier lui, précise bien qu'il avait été réformé pour myopie. Dans la biographie de Renoir, son fils explique les distances prises par Renoir vis à vis de Zola, ne supportant pas que ce dernier ait honte de Cézanne en publique. Fauconnier temporise cette gêne, pourtant bien présente, mais rappelle le malaise entre les deux hommes depuis que Zola avait épousé Alexandrine, ancienne muse de Cézanne, et des changements d'humeur de plus en plus fréquents du peintre, rendant les repas avec des personnalités très compliqués à gérer. Enfin, dans le livre sur le groupe des Batignolles, l'auteur n'hésite pas à décrire Zola comme une pure arriviste dont l'intérêt pour la peinture n'était qu'une stratégie pour se faire connaître et monter les échelons de la société. Fauconnier parle bien de la volonté de Zola de s'en sortir financièrement et du besoin de reconnaissance mais il en parle comme d'une réaction à une enfance misérable. Le chagrin de Cézanne à la mort de Zola (magnifique description de ce moment dans la biographie) prouve que le lien n'était pas rompu.


A LIRE!!!


Jeanne R.