Rentrée Littéraire 2016

* photo sur ELLE.fr

 Un roman extraordinaire !!

 

Un jour, à 4h du matin, Thomas apprend l’accident de voiture de sa femme. Sa vie, et celle de toute sa famille bascule.

Le roman est composé de trois parties. La première débute à l’annonce de l’accident. Thomas fonce à l’hôpital sans comprendre la gravité de la situation. Il ne comprend pas la présence de Camille ce soir là sur cette route. Il se souvient alors de la distance de Camille ses derniers mois, les difficultés dans son travail, Thomas qui doit s’occuper seul la semaine de leurs deux enfants etc…

Alors que tout s’effondre autour de lui les doutes l’assaillent, il tente de comprendre les raisons de l’accident que le lecteur ne connaîtra jamais, pas plus que thomas. Car Camille, malgré sa sortie du coma et une amélioration de son état à la fin de la première partie, est morte.

Ce qui emmène le lecteur chez Jean, le frère de Thomas, dans les Pyrénées. Camille n’est plus là, Thomas gère sa vie de famille avec l’aide de son frère qui les accueille toujours avec plaisir dans ses montagnes. Les silences de Jean, qui ressemblent étrangement à ceux de Camille, la mort de leur père alors qu’il n’était qu’un enfant, Thomas se pose des questions mais apprend surtout à vivre et à supporter l’après-Camille.

La troisième partie nous mène au Cameroun, pays où vit Pauline, la sœur de Jean et Thomas. C’est encore un drame qui a conduit ce dernier à rejoindre sa sœur. Là-bas il va enfin tout comprendre et pouvoir avancer.

Ce roman est extraordinaire. Malgré ses 540 pages et son écriture très dense qui aurait pu rendre sa lecture indigeste, la magie opère grâce au style littéraire de Luc Lang. On partage l’intimité de Thomas, ses souffrances, son questionnement, ses failles…. C’est un roman extrêmement humain, une véritable quête de la vérité sur le passé pour mieux se tourner vers l’avenir.

On est touché par le drame qui touche Thomas. Par sa véritable mise au placard professionnelle. Par l’amour qui le lie à Jean et Pauline.

Un roman dont on ne comprend toujours pas le fait qu'il n’ait reçu aucun des très nombreux prix de la rentrée littéraire 2016 !

 

Jeanne R.


Une perle !!

Cesare, un napolitain de 77 ans, vit seul dans son appartement depuis la mort de sa femme. Ce vieillard est absolument insupportable envers son entourage: bourru, désabusé, d'un égoïsme déconcertant, il est capable de sortir une belle phrase bien cassante devant une foule d'inconnus avec la simple excuse d'être une personne âgée et de savoir pertinemment que personne n'osera lui faire de reproche. Pour faire simple, Cesare c'est Tati Danielle, cette tyrannique grand mère qui en fait voir de toutes les couleurs à ses neveux dans le film de 1990 (je me sens vieille là...).

Estimant s'être forcé toute sa vie sur à peu près tous les sujets sans n'avoir jamais rien compris aux femmes, trouvé un métier passionnant ou réussi à être un père aimant, Cesare, pour la dernière partie de sa vie à décidé d'être lui tout simplement. 

Et ses pensées en valent le détour, on rit aux tours du vieillard et à ses pensées anticonformistes tout au long du roman. 

Pourtant, cette petite vie solitaire va basculée le jour où un jeune couple emménage dans l'immeuble. Cesare découvre qu'Emma est en réalité une femme battue et décide de tout tenter pour la secourir. Cette ouverture sur les autres va entraîner un changement de comportement chez Cesare que son entourage va découvrir petit à petit. Sa fille avocate et très dur, son fils qu'il soupçonne être homosexuel, Rossana la prostituée devenue son amie, sa voisine la dame aux chats dont l'odeur est insupportable et Marino, son vieil ami qui vit dans l'appartement en dessous de chez lui mais n'en est pas sorti depuis des années. 

Tout ce petit monde va être embarqué dans la nouvelle vision du monde de Cesare, pleine de tendresse et d'espoir. 

Un roman qui redonne goût à la vie, aux autres et qui nous donne le courage de changer de chemin... 

 

"Les gens renfrognés, acariâtres et méfiants ne sont pas vraiment méchants; mais à la différence des autres, ils n'ont pas été capables de supporter cette vérité : le monde n'est pas un endroit pour les gentils." 

 

Enorme coup de coeur!

 

Jeanne R.


Prix Goncourt 2016 (12èm femme a obtenir ce prix!)

 

Pas de suspens dans ce roman, l'auteure nous met tout de suite devant la finalité de ce fait divers: les enfants sont tués par la nourrice. Le choc des premiers pages passé, on plonge dans ce drame en commençant par le moment où ce couple de jeunes parents ont décidé d'embaucher une nourrice. 

Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide de reprendre une activité professionnelle dans un cabinet d'avocat. Son rôle de mère au foyer la rend malheureuse sans que personne ne s'en aperçoive, surtout pas son mari qui sera très réticent à sa reprise d'activité. Et puis LA nounou idéale apparaît en la personne de Louise, mettant tout le monde d'accord sur son professionnalisme et sa discrétion, dans une famille qui n'assume pas vraiment l'idée d'employer une nounou à domicile. 

Mais cette gêne va vite disparaître tant Louise se rend indispensable au foyer: non contente de s'occuper merveilleusement bien des enfants, elle s'occupe de l'intérieur comme personne et son talent de cuisinière épate tous les amis du couple. 

Mais petit à petit quelques détails, au départ, vont venir noircir ce tableau idyllique pour terminer par une nounou complètement névrosée. Les quelques passages sur la fille de Louise lorsqu'elle était enfant, laisse entrevoir une double personnalité de la nourrice. On sent Myriam de plus en plus absorbée par sa vie professionnelle, trop heureuse de pouvoir faire confiance à une personne pour lui confier ses enfants et vivre pleinement sa vie d'avocate qu'elle avait dû abandonner à l'époque. Ainsi, malgré les quelques situations qui l'ont mise mal à l'aise, ou les réflexions que désormais Louise ne prend plus la peine de garder pour elle et qui ont choqué Myriam, cette dernière ne prend pas le temps de se poser les bonnes questions et de remettre en cause ce mode de garde qui pourrait être la cause d'un nouveau frein professionnel. 

Un roman dans lequel tout le monde peut se reconnaître, notamment dans la difficulté à concilier vie privée et vie professionnelle lorsqu'on est parent. On tente de comprendre le côté sombre de Louise sans jamais vraiment y arriver. On assiste impuissants à ce que nous avait prédit le début du roman. On se dit qu'on est bien content de ne pas avoir d'enfant qui nécessiterait de chercher une nounou. Que si c'était le cas on serait complètement parano.

Puissant

 

Jeanne R. 


 Prix Pen/ Falkner 2017

A lire!!!

 

Jende, sa femme Neni et leur jeune garçon ont quitté Limé, la ville au sud-ouest du Cameroun pour vivre le rêve Américain à New-York. 

Jende travaillerai trois ans seul aux Etats-Unis pour payer le voyage de sa future femme et de son enfant. Quand la famille est enfin réunie sur le sol américain, Jende trouve un emploi de chauffeur grâce à son cousin, chez un cadre de la banque Lehman Brothers. Tout juste un an avant la faillite de cette dernière. Car l'expression "to big to fail" (trop gros pour faire faillite) que tout le monde a toujours cru, n'est plus valable désormais. Même si d'après les bribes de conversations téléphoniques de Clark dans la voiture, on comprend qu'il tente d'alerter ses collègues, mais Jende, tout juste arrivé à New York, ne peut comprendre l'épée de Damoclès au dessus de tous ses foyers qui vont se prendre la crise des subprimes de plein fouet. 

Les chapitres alternes le point de vue de Neni et de Jende qui, tout du moins au début, ont une vision des choses complètement décalée par rapports aux Américains. Cette vision de la société américaine par le prise de deux immigrés est aussi touchante que cruelle. On rit de leurs interrogations sur, par exemple, l'intérêt du métier de nutritionniste, comme on s'offusque du fait qu'on ne leur laisse pas leur chance alors qu'ils travaillent dur, l'un en tant que chauffard, l'autre dans ses études. 

Et puis petit à petit, les espoirs et la chance du début vont laisser place aux catastrophes et au désespoir. Jende et Clark vont voir leur rôle de père prenant soin de leur famille, s'écrouler complètement, Jende étant lui aussi touché par la crise économique des subprimes de manière indirecte. Neni et lui vont s'éloigner, car l'émancipation professionnelle de Neni est très mal acceptée par son mari. 

Ainsi, ce roman aborde aussi bien la question de l'immigration, du racisme, de la lutte des classes, que la question du sexisme et de 'l'émancipation de la femme. 

A la fin du roman se pose donc la question suivante pour nos deux protagonistes : vaut-il mieux souffrir dans un pays d'accueil, s'y intégrer coûte que coûte au point de devoir renoncer à certaines de ses valeurs ou seul son pays d'origine peut nous permettre de faire face aux obstacles de la vie? 

Derrière un sujet anxiogène et même dérangeant, l'auteure à su utiliser une écriture drôle, touchante et sans aucun moralisme, guidée principalement par l'espoir presque inépuisable des personnages. 

Un très très beau roman !!

 

Jeanne R.

Psssss : ce magnifique roman est disponible en poche aux éditions Pocket!!


Un roman complètement dingue!

 

Un virus de la grippe, ce qui a tendance à nous rappeler le fameux virus du roman pour ado U4, réduit la planète à une poignet de survivants qui remet littéralement les compteurs à zéro puisqu'on suit une troupe d'itinérants d'acteurs et de musiciens an l'an 20 après l'apocalypse. 

dans ce monde post-apocalyptique, l'humain survit au milieu des restes de l'ancien monde devenus inutilisables : internet, l'électricité, la voiture, les avions.... 

Une description hyper-angoissante d'un monde redevenu sauvage, où plus aucun repère de l'ancien monde n'a survécu.

Le roman s'ouvre sur un soir de représentation théâtrale du Roi Lear à Toronto, où l'acteur principal s'écroule, victime de ce que l'on pense être une crise cardiaque. Le lecteur, qui n'a pas encore compris que cette mort n'est pas le sujet principal du roman, reste complètement abasourdi après la lecture de la dernière phrase du chapitre qui stipule qu'un des hommes présents survivra plus longtemps que les autres puisqu'il mourra trois semaines plus tard. Choc. On relit plusieurs fois la phrase juste pour être certain d'avoir bien compris. Et on s'attend donc à une suite absolument terrible pour la race humaine. En effet, quelques heures à peine après la représentation, le virus décime littéralement la planète.

 Les premiers chapitres, qui plantent le décor, distillent avant la fin de ses derniers, une ou deux phrases d'indices terribles sur la suite des événements. 

Désormais on suit Kristen, la petite figurante de 8 ans le soir de Toronto, qui fait maintenant partie de la troupe d'itinérant. Avec des retours réguliers sur le passé des personnages avant l'épidémie, on comprend petit à petit leur lien, tout en se demandant comment se nouveau monde va évoluer, et ce qui peut bien se trouver dans le fameux aéroport que la troupe tente par tout les moyens d'atteindre. Au fil de la lecture eu reconstitue le passé et les liens des personnages, Arthur l'acteur mort, ses trois épouses, son fils, son meilleur amie et Kristen, qui enfant au moment de sa mort avait noué des liens d'amitié avec lui, comme un puzzle à assembler. 

Un roman absolument incroyable, inclassable, qui fait partie de ces ouvrages qu'on ne peut pas oublier et qu'on a besoin de "digérer" avant d'en commencer un autre. 

La note de fin, pleine d'espoir nous rassure comme elle pose également question. L'humain à la faculté incroyable de toujours se ressaisir, s'adapter, et avancer. 

 

Angoissant, prenant, envoûtant.

Incroyable!

 

Jeanne R.


 Quand un secret de famille se transforme en oeuvre littéraire

 

Poussée par une curiosité irrésistible sur son histoire familiale l'auteure décide d'en faire un roman.

Située entre 1867 et 1872, l'histoire familiale de Marie Sizun est assez originale même si le principe d'une aventure extra-conjugale ne l'est pas, le mariage, trois générations plus tard des descendants de cette affaire fait quelque peu perdurer le tabou. sur un secret de famille bien gardé concernant une gouvernante suédoise nommée Livia. Prénom qu'il était interdit de prononcer dans la famille, ce que M.Sizun ne comprenait pas dans sa jeunesse. Un jour, cette dernière tombe sur le journal intime de son arrière-grand mère Hulga et découvre alors l'histoire d'amour qui s'est déroulée sous les yeux de celle-ci entre son mari, Léonard Sézeneau, négociant français parti vivre à Stockholm, et cette gouvernante. Marie Sizun comprend alors que toute l'histoire familiale est liée à cette Livia dont elle porte le nom de famille. Elle décide d'en faire un roman et de mettre en lumière un secret si longtemps gardé. 

Une histoire absolument incroyable entre la Suède et la France, une histoire d'amitié entre deux femmes, une histoire d'amour improbable. La fragile Hulga, la solide et digne Livia, le mystérieux et distant Léonard. Un trio d'amour mais de mort aussi qui touchera les ancêtres de Marie Sizun.

Un vrai roman intimiste qui nous rappelle les romans de Flaubert dont Leonard est un spécialiste. Une France austère mais si proche des Impressionnistes, une époque où les conventions n'empêchaient semble-t-il pas la passion. 

Marie Sizun, ou l'art de rendre magnifique un lourd secret de famille 

 

Très très beau

Jeanne R. 


Magnifique !!!

 

Françoise Cloarec se penche sur le couple que formait Pierre Bonnard et sa femme Marthe. Enfin, Maria, car à la mort de P.Bonnard, on découvre la véritable identité de sa femme : née Maria Boursin, cette dernière n'est absolument pas orpheline comme elle l'a prétendu à P.Bonnard dès leur rencontre en 1893.

Cette découverte entraînera une bataille juridique de quinze ans entre les nièces de Marthe/Maria et les neveux de Pierre, le couple n'ayant pas eu d'enfant. De cette affaire naîtra une jurisprudence sur le droit moral des artistes, chose assez rare pour être soulignée. 

Dans ce magnifique ouvrage, F.Cloarec s'appuie sur une bibliographie titanesque pour étayer son point de vue sur la vie du couple.

De santé extrêmement fragile, de caractère lunatique et même sauvage au fil des ans, Marthe, car elle sera toujours Marthe pour Bonnard qui ignore tout de son passé, fût la muse du peintre, son amie, son amante et celle dont il prit soin toute sa vie, hanté par l'idée qu'elle puisse se trouver mal lors d'une de ses absences.

Un couple fusionnel, qui était pourtant basé sur le grand mensonge de Marthe. Absolument aucun document ne vient expliquer ce besoin de renier sa famille dont elle garde pourtant contact jusqu'à la mort de sa mère. Personne , même ses nièces ne sont capables d'expliquer le choix de Marthe d'effacer sa vie et de s'en créer une en tant qu'orpheline. Un ouvrage qui, au delà de Marthe, retrace la vie de Bonnard et sa quête de la couleurs, de la lumière en compagnie de ses nombreux amis dont Monet, Vuillard, Matisse, Signac...

 

Quel bonheur de lire un tel ouvrage, Énorme Coup De Coeur !!!!

 

Jeanne R. 


LE policier de la rentrée Littéraire 2016

 

Hugo Boris plonge pour quelques heures dans le quotidien d'une équipe de gardiens de la paix. Ce jour là, Virginie, Aristide et Erik font équipe et vont avoir une mission inhabituelle : accompagner un sans papier à Roissy pour que ce dernier soit renvoyé dans son pays par le prochain avion. Mais le danger de mort de cet homme en retournant dans son pays va faire basculer les certitudes de l'équipe, notamment de Virginie. 

Car dans ce court roman, véritable concentré de tensions, l'auteur livre principalement les sentiments de Virginie, intimement liés à ceux d'Erik puisque ces derniers sont amants. Ou en tout cas l'ont été une fois. Une fois qui a suffit pour que Virginie soit enceinte. Avorter, comme son début de relation avortée avec Erik, c'est la seule solution de virginie qui ne se voit pas l'annoncer à son mari qui ne la touche plus depuis un moment. 

Ce véritable huit clos a lieu dans le véhicule de fonction de cette équipe de gardiens de la paix. Étouffant et en même temps si humain, on a l'impression d'assister à une scène du film Polisse de Maïwenn. Sans connaitre toute l'histoire des protagonistes, que ce soit les 3 gardiens ou le sans papier qui sera l'occupant silencieux du véhicule jusqu'à la scène finale, on surprend des bribes d'émotions, d'histoires personnelles. Pas assez pour tout savoir sur les  personnages mais c'est le principe de ce court roman qui s'est fixé un instant T dans la journée de ces hommes et femme pour décrire leur quotidien. 

Un roman coup de poing qui n'a ni début ni fin, ni réponse aux injustices de la vie. Hugo Boris a simplement donné aux lecteurs l'occasion de partager un court instant avec eux. 

 

Puissant  

 

Jeanne R.

 

 

Psssss: ce roman incroyable est en poche aux éditions Pocket!!


Eblouissant

 

Après Mille Femmes Blanches, Jim Fergus revient 16 ans plus tard pour la suite de cette fantastique épopée de femmes américaines au sein du peuple Cheyenne.  Impossible de parler de "La vengeance des mères" sans rappeler l'histoire de Mille Femmes Blanches. En 1876, Little Wolf, le chef des Cheyennes, rencontre le président Grant, 18ème président des Etats Unis. Il lui propose la chose suivante, départ du roman : échanger mille chevaux cheyennes contre mille femmes blanches pour qu'elles apprennent à connaitre la culture cheyenne, épouse un des indiens et que leurs enfants s'intègrent dans la population américaine, les cheyennes étant emmenés à disparaître. Après le scandale de la demande, le gouvernement trouve l'idée plutôt ingénieuse et, pour ne pas se mettre l'opinion publique à dos en envoyant des femmes respectables chez les indiens, décide donc d'y envoyer des prisonnières et des femmes enfermées dans des maisons de fous. Il faut tout de même préciser qu'à l'époque, les tuteurs des femmes sont soit le mari soit le père et qu'un simple adultère, doute dans la foi chrétienne ou relation hors mariage justifie un internement.

Ainsi, le lecteur est invité à suivre un groupe de femmes dans leur intégration à travers le journal intime d'une certaine May Dodd. Bien sûr tout ceci n'est qu'invention car en réalité, même si Little Wolf a bien rencontré le président Grant, nul ne sait la teneur de leur entretien. Mais le roman de Jim Fregus est emprunt d'un réalisme qui laisse croire, tout le long de la lecture, à la véracité des faits et des propos d'une manière assez impressionnante. Bien entendu, la promesse de l'armée américaine de laisser les femmes s'installer et vivre avec les cheye rennes ne tiendra pas longtemps et "Mille Femmes Blanches" se conclura pas un immense massacre dans le village de May et de Little Wolf.  Un massacre dont les enfants de May et de ses amies ne survivront pas. "La vengeance des mères" est l'histoire des survivantes de ce massacre et de leur besoin de vengeance contre l'armée américaine. 

On y suit les jumelles Margaret et Susan, qui ont intégré le programme FBI (femmes blanches pour les indiens) depuis le départ et ont survécu au massacre, ainsi qu'une certaine Molly, nouvelle venue au caractère bien trempé. 

Ce roman, ou plutôt ces romans car l'un ne va pas sans l'autre, sont une véritable ode au peuple indien mais également à la condition féminine en montrant des femmes préférant la liberté pour un court instant avant une mort certaine plutôt que l'enfermement toute une vie. Des femmes fortes, courageuses, passionnées que la domination masculine de leur société aura pousser à se défendre pour ne plus subir et à intégrer le monde des cheyennes pour le meilleur et pour le pire. 

 

Si il y a bien un livre de la littérature étrangère à lire dans cette rentrée littéraire c'est celui-ci !!! A lire de toute urgence !!!

Jeanne R.

 

 

Pssss: surtout pensez à lire Mille Femme Blanche avant ce roman, en plus il est en livre de poche aux éditions Pocket!!!


Le poids du secret dans une entreprise familiale

 

Elisabeth, cinquantenaire, est à la tête de l'entreprise Astier, l'entreprise familiale de porcelaine, depuis maintenant 24 ans. Autant d'années seule, depuis la disparition au sens propre, de François, son mari. 

Mais ce soir, la solide, exigeante, et acharnée de travail,Elisabeth, va vaciller. Lors d'une cérémonie en l'honneur des 100 ans de sa grand-mère Hortense, cette dernière va, compte tenu de son grand âge, poser une question sur l'endroit où se trouverait François depuis sa disparition : la prison. 

Or, non seulement Elisabeth gère seule la société depuis 24 ans mais elle élève également son fils Louis. Et face aux révélations involontaires de son aïeule, Louis exige de connaitre la vérité. 

La communication avec son fils étant déjà compliqué depuis son mariage avec Sophie, une jeune femme particulière, et le besoin de Louis d'avoir plus de responsabilités au sein de l'entreprise, Elisabeth décide de retrouver François pour que ce dernier reprenne contact avec leur enfant. 

Mais en partant à sa recherche, elle met en lumière de nombreux secrets que certaines personnes souhaiteraient garder pour elles. Aidée de Maxime, un détective privé que ne va pas tarder à devenir plus qu'un simple salarié, Elisabeth se décide à affronter son passé....

 

Un bon roman qu'on a lu avec beaucoup de plaisir!!

 

Jeanne R.


La pépite de la rentrée littéraire 2016 !!

 

Auteure jeunesse reconnue, Valentine signe ici un roman axé sur une histoire familiale et plus particulièrement l'histoire d'un femme : Mathilde. 

Le paquebot, c'est le surnom du sanatorium dans lequel les parents de Mathilde, Odile et Paul vont être placés pendant des mois pour soigner leur tuberculose. 

Car Paulo est cafetier à la Roche Guyon. Odile le suit, l'assiste, l'attend surtout lors des soirées interminables ou son Paulo est l'attention de tout le village avec son harmonica. Les soirs où la petite Mathilde attendra que son père la fasse voler dans les airs sur les sons des musiciens du village. Mais Paul ne dansera qu'avec Annie, sa fille aînée qui, la narratrice le précise dès le début du roman, n'aura qu'un rôle secondaire dans cette histoire et ne fera que passer dans ce café de village avant de fuir sa famille pour aller construire la sienne à Paris. 

Mathilde c'est le petit garçon manqué. Pas par choix mais pour faire plaisir à son père qui rêvait tellement d'un autre garçon qui aurait remplacé le bébé mort quelques années auparavant. Alors pour lui faire plaisir, pour obtenir de l'attention, un regard, une parole, Mathilde fait les quatre cents coups, risque sa vie, devient une adolescente pleine de courage et de volonté. 

C'est ce caractère qui la sauvera lorsque ses parents seront envoyés au sanatorium tandis que son frère et elle seront séparés et placés dans deux familles d'accueil. Car dans les années 60, malgré l'apparition de la sécurité sociale, elle ne concerne que les salariés. Les commerçants doivent encore se débrouiller et la maladie plongera la famille de Mathilde dans une misère insoutenable. Mathilde deviendra le pilier d'une famille éclatée. Celle qui fera des kilomètres le week end pour voir ses parents, celle qui travaillera d'arrache pied pour récupérer son frère Jacques, celle qui portera cette famille à bout de bras en risquant plusieurs fois de mourir de faim pour mener à bien ses études.

Inspirée d'une histoire vraie, Valentine Goby livre un roman d'une intensité et d'une justesse incroyable. 

 

" A ceux qui lui diront, plus tard, quand tout sera fini, tu aurais dû demander, petite, elle rétorquera : vous auriez dû voir."

 

A lire de toute urgence !!!

 

Jeanne R.

 


Prix du Roman Fnac 2016 et Prix Goncourt des Lycéens

 

On est en 1992 au Burundi et on découvre Gabriel, petit garçon de 8 ans, élevé dans une famille multiculturelle : son père français, sa mère rwandaise et sa petite sœur Ana. 

Mais les parents de Gabriel se séparent et la guerre qui éclate va finir d'achever l'insouciance du jeune garçon et de ses camarades de jeu dans le quartier d'expatriés où ils vivent. Les garçons ne cherchent désormais plus à voler des mangues mais à trouver des armes, croyant être responsables de la sécurité de leurs familles. La guerre au Burundi (dont on connait très peu de chose au final) avant le génocide Rwandais (et ses conséquences plus tard au Burundi), responsable de plus de 800 000 morts en trois mois, va obliger le petit garçon et sa sœur à rentrer en France. 

On assiste, impuissant, à l'innocence perdue du petit Gabriel. A son apprentissage de la vie à travers les atrocités que sont capables de se faire les hommes. 

On découvre également que c'est dans cette atmosphère de peur, de tensions, de désolation, que le petit Gabriel va découvrir la passion de la lecture grâce à une voisine qui lui prêtera tous les livres nécessaires à lui faire passer le temps, confinement dans les maisons oblige. 

"Petit pays" c'est également le titre d'une des chansons de l'album "Pili Pili sur un croissant au beurre", de l'auteur Gaël Faye, également rappeur. 

On ressent, dans cette rentrée littéraire, le poids des attentats en France. Ce roman n'y fait pas exception, puisque malgré le fait que le sujet soit la guerre au Burundi, l'auteur avoue l'avoir écrit durant les attentats de janvier 2015. Des violences en France qui ont semble-t-il poussé les auteurs à utiliser ce thème soit clairement dans l'histoire soit plus subtilement en toile de fond, dans une ambiance lourde, faite de violence et de souffrance. Un récit bouleversant à hauteur d'enfant qui rend le point de vue du narrateur très pure et très candide. 

En terminant de lire le final coup de poing de ce roman on comprend mieux son prix du roman Fnac et ses nombreuses sélections pour d'autres prestigieux prix. 

 

"Plus tard quand je serais grand je veux être mécanicien pour ne jamais être en panne dans la vie. Il faut savoir réparer les choses quand elles ne fonctionnent plus. "

 

" Maman n'est jamais revenue de chez toi. Elle a laissé son âme dans ton jardin. Elle s'est fissurée le cœur. Elle est devenue folle, comme le monde qui t'a emporté." 

 

A lire absolument!! 

 

Jeanne R.


Un incroyable premier roman ! 

 

J'ai aimé tellement de choses dans ce roman !

J'ai aimé cette poésie dans les détails de la vie que je n'avais ressenti qu'en regardant un film de Jeunet et plus particulièrement Amélie Poulain.

J'ai aimé le surréalisme qui prend le dessus dans les petites habitudes de ce comptable au fur et à mesure qu'il se dévoile le soir au café et qui m'a fait pensé à L'écume des Jours de Boris Vian.

J'ai aimé l'histoire personnelle de ce petit garçon tellement aimé par son grand-père qui subit la grande Histoire comme Georges Perec. 

J'ai aimé l'amitié hasardeuse de ces 4 compères de bistrot: Thomas qui porte encore le deuil de ses enfants que sa mémoire lui a un jour imposé comme une vérité qui pourtant n'en est pas une. Sam, qui reçoit des lettres de ses parents pourtant morts il y a bien longtemps. Lisa, la serveuse dont tout le monde a le béguin, notamment le narrateur. Une belle amitié qui va pousser ce comptable, dont la vie n'est faite que de chiffres et d'une vie solitaire et inintéressante, à commencer à se livrer un soir.

L'histoire débute par l'amour de son grand-père. Puis, chaque soir, il livre une nouvelle partie de sa vie, attirant de plus en plus de monde dans ce petit bistrot peu habitué à rencontrer autant de succès en semaine. 

Car le comptable est bien décidé, mais à son rythme, à dévoilé le secret qui entoure cette immense écharpe dont il ne se sépare jamais et qui lui recouvre aussi bien le cou que le menton. La bienveillance de ses amis va le pousser à se livrer comme il ne l'avait jamais fait alors. 

Un texte d'une poésie et d'une pudeur touchante. Une fin sidérante qui, à côté de cette pudeur dont le lecteur s'est habitué, nous semble presque violente ou en tout cas très brutale. 

 

Extrêmement beau, puissant, touchant. J'ai adoré!!!! 

 

Jeanne R.

 


Énorme premier coup de cœur de cette rentrée littéraire ! 

 

Le lieutenant Romain Roller tombe sous le charme d'une journaliste, Marion Decker, lors d'un séjour de décompression à Chypre, après une mission en Afghanistan. Ce qu'il ne sait pas c'est que cette dernière est mariée à un homme d'affaire puissant, François Vély, d'origine (lointaine) juive. Osman Diboula, ami d'enfance de Romain, devenu une personnalité politique au lendemain des émeutes de banlieues en 2005 va un jour prendre la défense de Vély dans une polémique de racisme contre l'homme d'affaire dont certains lui reprochent désormais ses origines juives. Ce que Diboula ne sait pas c'est qu'il va ainsi précipité tous les personnages dans un magnifique final où tous les protagonistes se retrouvent  pour régler leurs comptes ou en tout cas attendre leur destin.

Ce roman, "l'insouciance" est en réalité la perte de l'insouciance par la découverte de la violence.

La violence du monde de manière très factuelle par la guerre en Afghanistan. Mais également la violence du monde politique, la violence du syndrome post-traumatique, la violence des quartiers, du racisme, de l'antisémitisme etc... Et puis également la violence de l'amour, de l'interaction entre Romain et Marion. Ces deux êtres qui ne peuvent plus vivre l'un sans l'autre depuis leur rencontre. 

Les chapitres très courts donnent une rythme très soutenu au roman. On passe ainsi très rapidement d'un personnage a un autre et la magie de Karine Tuil se trouve dans ce rythme : la petitesse des chapitres n'empêchent absolument pas la plongée du lecteur dans la vie d'un autre personnage dès la première page du chapitre le concernant. Car le talent de conteuse de Karine Tuil est exceptionnel. On la suit la ou elle nous emmène, selon le personnage quelle veut nous faire suivre, sans même se rendre compte qu'on passe de l'un à l'autre par petites bribes d'histoire. Une Merveille. 

 

-"Je crois qu'il n'y a pas de possibilité d'être heureux après l'épreuve.

-(.......) c'est l'obstacle sur lequel tous les êtres humains butent un jour ou l'autre. Peut être qu'il ne faut pas chercher à être heureux mais seulement à rendre la vie supportable".

 

A lire absolument !

 

Jeanne R.


Prix littéraire du Monde 2016 et prix Médicis 2016

 

En 2015 s'est ouvert le procès de Tony Meilhon, assassin présumé de Laëtitia Perrais, 18 ans, enlevée une sombre nuit de janvier 2011 puis très certainement violée, assassinée, et dont le corps sera retrouvé plusieurs jours plus tard, démembré. 

Ce fait divers glaçant nous a tous touché par son horreur, sa violence. 

Ivan Jablonka, historien, a prit le parti de traiter ce sujet comme un sujet d'histoire, et non comme un simple fait divers. La minutie, la précision de ce documentaire sont frappantes. 

Et ce qui plait surtout dans cet ouvrage c'est l'approche sociologique de cette enquête. Au delà des faits, au delà de l'horreur, on replace Laetitia au cœur de son massacre, car bien trop souvent nous ne retenons que le prénom de la victime, le nom de famille étant réservé au coupable. Ivan Jablonka redonne donc à Laetitia la place principale qu'elle doit occuper: celle d'une victime qui n'en ai pas une par hasard mais qui est la conséquence d'une enfance absolument terrible entourée de violence, de décisions de justice qui décide de son placement et de celui de sa jumelle. D'un rebondissement incroyable quand on apprend que l'homme de sa famille d'accueil qui pleurait devant les caméras et était reçu à l'Elysée abusé en réalité sa sœur jumelle. Un cercle sans fin où la femme a une place de victime dès sa naissance et supporte absolument tout des hommes jusqu'à l'acte ultime: la mort. Ivan Jablonka dira que le jour de la mort de Laetitia fût également le jour de sa naissance. Qui s'était soucié d'elle avant que son meurtre soit médiatisé? 

L'auteur part à la rencontre de sa sœur jumelle, de sa famille d'accueil, de son père, etc. La seule absente du livre, qu'on essaye de connaitre, de comprendre, d'analyser c'est Laëtitia. Et puis on apprend l'attitude absolument immonde de son meurtrier :lors de son procès (des chants obscènes sur ce qu'elle avait dû subir). L'auteur a également fait le choix de ne pas rencontré Tony Meilhon, sa condamnation n'ayant pas eu lieu encore à ce moment là il n'aurait de toute façon pas pu mais c'est surtout une décision d'Ivan Jablonka qui a eu la confiance de tous les proches de Laëtitia de ne pas le rencontrer et de rester à son égard factuel, concentrant l'analyse de l'ouvrage à la jeune victime, pour qu'elle ne reste pas, dans la mémoire collective, un simple cadavre mutilé. 

 

Jeanne R.

 


Grand Prix du roman de l'Académie Française 2016 !!

 

Une saga que vous ne pourrez pas lâcher!

 

Le destin incroyable de Werner Zilch est raconté avec brio par Adélaïde de Clermont-Tonnerre dans cette fresque amoureuse absolument envoûtante. 

Jeune entrepreneur en bâtiment, Werner est le fils adoptif d'un couple de la classe moyenne. Charismatique, charmeur, sur de lui, Werner enchaîne les conquêtes et fourmille de projets professionnels. 

Un jour, attablé dans un restaurant d'un Manhattan des années 1970, avec son ami meilleur ami, et associé, Marcus, il l'a voit. Elle, c'est Rebecca Lynch, artiste peinte mais surtout riche héritière. Elle sera la femme de sa vie, il n'a jamais été autant sur d'une chose. 

Mais lorsqu'il rencontre Judith, la mère de Rebecca, tout s'effondre. Cette dernière reste tétanisée en l'apercevant. Le lendemain, Rebecca disparaît de la vie de Werner sans que celui ne comprenne quoique ce soit aux raisons de cette brutale rupture. 

Un an plus tard, elle réapparaît devant sa porte et plusieurs semaines seront nécessaires pour qu'elle explique les raisons qui l'ont poussé à s'éloigner de lui.  

L'histoire familiale de Werner et la terrible épreuve de Judith vont alors être révélés. De la naissance du bébé sous les bombes, à l'amour de sa tante Martha en passant par les camps, rien ne sera épargné aux amants et leur amour semble absolument impossible après ces révélations. de 1945 à 1970, de l'Allemagne nazi à l'Amérique pleine de promesse et d'avenir, d'un petit orphelin à la destruction des femmes par la violence et le viole, le tout avec ce couple presque mythique de Werner et Rebecca, si passionnés, si fragiles mais prêts à tout pour rester ensemble. 

 

Jeanne R.


Beaux rivages ou comment atteindre le rivage sans se noyer après une rupture. 

 

Histoire banale d'A. qui vit une rupture amoureuse après 8 ans d'amour avec Adrian. Sauf qu'on vit cette rupture à travers les yeux ou plutôt le cœur d'A. 

On traverse toutes les phases d'un chagrin d'amour que seul le temps guérit : du choc de l'annonce à la colère en passant par le déni, l'espoir d'une réconciliation et enfin l'acceptation qui vous met sur la voie de la reconstruction et donc de la guérison. Même si on en garde les cicatrices.

Le roman se situe entre deux dates fortes et sombres : l'attentat de Charlie Hebdo et les attentats du 13 novembre à Paris. Comme si l'auteure faisait un lien entre ces horribles attentats et notre nouvelle manière de voir les choses, de les vivre, de les supporter depuis les événements. Peut être cette période choisit pour placer la rupture amoureuse subit par A. permet également de mieux comprendre l'isolement dont elle semble faire l'objet : difficile sûrement de demander de l'aide ou de trouver une un bloc d'amis, de potes prêts à sortir pour vous changer les idées face à des attentats qui ont bouleversé les français. 

Je fais le lien avec "W ou le souvenir d'enfance" de Georges Perec qui mêlait sa "petite" histoire dans la grande Histoire avec sa grande "H" (comme l'exprimait Perec), qu'était la seconde guerre mondiale. Impression d'un parallèle avec le roman de Nina Bouraoui, sa rupture située dans une sombre période de l'histoire française. 

Et puis, génération de réseaux sociaux oblige, on peut désormais connaitre l'ennemi, épier le nouvel amour d'Adrian à travers le blog de sa rivale et surtout ne plus pouvoir s'empêcher tous les jours d'y retourner et de se faire mal sans réussir à s'arrêter. Cette autre devient un personnage à part entière sans que jamais A. ne fasse sa connaissance. Un véritable frein dans son processus de guérison.

Un sentiment d'impuissance énorme nous saisit en lisant ce roman car il ravive nos peurs les plus profondes : quand on aime depuis plusieurs années, est il possible de ne rien voir arriver? Peut-on un jour tomber amoureux d'une autre personne sans pouvoir rien maîtriser alors même que tout se passait bien dans notre couple ou il y a-t-il toujours un grain de sable dans les rouages pour justifier de cette sortie de route? Est on impuissant face aux aléas de la vie et au hasard de nos rencontres ou sommes nous surtout incapables de voir parfois ce qui pourrait nous détruire? 

 

Bouleversant (à ne pas lire si vous êtes déprimé!!)

 

Jeanne R.