Emile Zola...


La scénariste et réalisatrice Danièle Thompson s'est attaquée à l'amitié passionnelle entre Zola et Cézanne. 

 

De la naissance de leur amitié, dans un collège d'Aix en Provence, en passant par leur montée à Paris pour tenter de vivre leurs vies d'artistes jusqu'à leur brouille sans réconciliation, le film retrace la vie de deux artistes qui pour nous ont autant de notoriété mais qui à l'époque n'était pas du même niveau : l'un a connu la succès de son vivant (Zola), l'autre seulement après sa mort (Cézanne) et cette différence signera en partie la fin de leur amitié.

 

J'ai beaucoup apprécié les scènes de Zola et Cézanne à 20 ans, déjeunant avec leurs camarades au bords de l'eau. J'y ai retrouvé des références au tableau de Renoir "la yole"  et les différents tableaux de Caillebotte notamment lorsqu' un homme en habit de baigneur plonge dans l'eau et lorsque Zola et Cézanne prennent une barque pour discuter du projet littéraire de Zola sur les Rougon-Macquart (voir tableaux ci dessous). Un tableau de Cézanne, "Au bord de l'étang" représente également ce moment entre amis. 

Ce principe de clin d’œil entre une scène de film et des œuvres picturales n'est d'ailleurs pas sans rappeler le film "un déjeuner sur l'herbe" de Jean Renoir en 1959 faisant clairement référence à l'Impressionnisme. 

 

On ne peut que respecter le parti pris sur la scène de Zola et Cézanne réglant leurs comptes à la suite de la publication de L'Oeuvre. Rencontre qui n'a jamais existé mais qui est le véritable fil rouge du film puisque la structure de ce dernier est en flash-backs. Elle permet de comprendre la vision artistique des deux hommes, les secrets d'Alexandrine Zola, la teneur du roman qui cause la rupture des inséparables mais également celle avec les Impressionnistes. 

 

Il est important de comprendre que chacun a son avis, aussi bien sur l'amitié entre Emile et Paul que sur le motif de leur brouille. Il est donc tout à fait normal que la réalisatrice ait tranché car Zola n'a jamais laissé un écrit sur ce qu'il pensait réellement des Impressionnistes, de Cézanne ou avouant s'être inspiré de son ami voir même d'Alexandrine dans le rôle de sa muse/maîtresse. Claude Lantier, ce peintre raté, qui devient presque fou avant de se suicider faute de savoir peindre le tableau souhaité, blesse tous les Impressionnistes.

Ainsi, dans sa biographie sur le peintre, l'auteur Bernard Fauconnier met en avant le caractère dépressif, à la limite de la bipolarité de Cézanne qui rend difficile un lien social sur le long terme en supportant régulièrement ce caractère maladif. Néanmoins, en ce qui concerne l'écriture du roman de la discorde il écrira : "quelle pulsion diabolique lui a-t-elle soufflé cette cruauté qu'on peine à croire involontaire?".

Pour Evelyne Bloch-Dano, auteure de "Madame Zola", "Quand vient la publication de l'oeuvre en 1886, les liens entre eux sont déjà distendus, à l'image de ces amitiés d'enfance auxquelles on tient plus par fidélité au passé que par goût du présent. (...) Alexandrine peut faire monter les Cézanne au grenier". 

Pour Denise Le Blond-Zola, dans Emile Zola raconté par sa fille, c'est moins la publication de L'Oeuvre que l'embourgeoisement de son père qui causa la rupture entre eux : " Et tout le malentendu vint de là à mon avis : Cézanne aimait toujours Zola mais il se plaisait davantage chez lui lorsqu'il était pauvre. Ce n'est pas Zola que Cézanne fuyait mais l'appartement et la maison de Médan, demeures trop somptueuses pour le peintre épris de la nature et qui ignorait les complications d'une existence douillettement organisée. (...) Zola connu la gloire, Cézanne ne devina pas la sienne; c'est le doute qui éleva un obstacle entre eux, voilà le seul responsable."

Pour Jean-Paul Crespelle, auteur de "Degas et son monde", Zola était un véritable opportuniste qui n'avait pris la défense des Impressionnistes à leurs débuts que pour écrire un article fracassant et se faire un nom dans le métier. 

Jean Renoir, dans "Pierre Auguste Renoir, mon père" rapportera les paroles de ce dernier : " Renoir admirait Zola mais lui pardonnait difficilement son incompréhension à l'égard de Cézanne".

 

Opportunisme ou simple évolution dans ses goûts picturaux? Honte de Cézanne ou problèmes psychologiques trop difficilement supportables? Réelle brouille à cause de L'Oeuvre ou gêne de Cézanne de voir son ami s'embourgeoiser? 

Une seule réponse ou un peu de toutes ces raisons? Seule certitude: il fallait bien trancher pour en faire les scènes du film!

 

Enfin, seul petit reproche artistique à Cézanne et moi : j'aurai adoré qu'il se termine sur Cézanne apprenant la mort de Zola. Voir Galienne, explosant de douleur face à la nouvelle, aussi bien à cause de la mort en elle même mais également de tous les regrets de ne pas l'avoir revu et de ne pas s'être réconcilié avec lui, promettait un beau moment. Car la fin du film sur le passage de Zola à Aix avec Paul entendant ce qu'il dit de lui, caché dans la foule, est également pure invention. Si Zola est bien venu à Aix et à bien prononcé une critique envers son ami d'enfance, ce dernier l'a appris par un camarade au moment où il se décidait à aller saluer Zola (certainement dans le vue d'une réconciliation car Cézanne malgré son caractère et ses reproches justifiés souffrait de cette brouille), le décidant à faire demi tour pour ne jamais le revoir.

 

Cela étant, c'est un film aux paysages et aux costumes splendides, l'histoire des deux hommes respecte leurs parcours artistiques et personnels, et D.Thompson a su se focaliser sur le thème de l'amitié pour ne pas se laisser submerger par cette époque absolument titanesque en termes d'avancés technologiques et artistiques, qui auraient pu noyer le film sous trop de références et de détails. 

 

Jeanne R.


Madame Zola d'Evelyne Bloch-Dano

 

 Alexandrine Zola fût la femme et le soutien de Zola jusqu'à sa mort en 1902 (elle échappa de peu à la même mort que ce dernier, hospitalisée en urgence et sauvée contrairement à son mari).

Elle connu Zola alors qu'elle posait pour les impressionnistes, notamment Cézanne, l'ami d'enfance d'Emile, à l'époque où elle se faisait appeler Gabrielle. Certains laissent entendre qu'on l'aperçoit dans les tableaux de Monet, Déjeuner sur l'Herbe et Femmes au jardin.

Lorsqu'elle fait la connaissance de Zola, ce dernier n'est encore qu'un inconnu. Elle vivra avec lui les critiques puis la consécration, l'humiliation avec la découverte de sa double vie avec la servante Jeanne Rozerot (avec qui il aura 2 enfants qu'Alexandrine n'a pas su lui donner). Elle connu également les menaces et le procès public avec la prise de position de Zola dans l'affaire Dreyfus.

Elle participera aux travaux dans la maison de Médan, organisa les dîners du jeudi soir pour les amis du groupe des Batignolles. Alexandrine, ce soutien, ce pilier, et pourtant tellement de souffrance pour cette femme née sans le sou, qui cache un lourd secret et qui subit l'humiliation public d'être trompée depuis tant d'années.

En lisant cette biographie on en apprend autant sur elle que sur Zola. L'écriture d'Evelyne Bloch-Dano met merveilleusement en lumière les qualités, les faiblesses et l'amour de cette femme.

A LIRE !!!

 

Jeanne R.


Le roman de Jeanne d'Isabelle Delamotte


Après une enfance difficile entre un père distant et une belle mère qui fait tout pour l'écarter, la jeune Jeanne devient couturière.

Mais avec la crise les ateliers ferment un à un et Jeanne trouve un nouveau poste : lingère chez les Zola. Elle les accompagne durant leur séjour de plusieurs mois dans leur maison à Médan.

C'est là-bas que son destin sera scellé : en 1988, Jeanne a 20 ans, Zola en a 28 de plus qu'elle. C'est le coup de foudre. A daté de ce jour, son destin sera exceptionnel, semé de passion, d'embuches... celui qui fera d'elle une femme de l'ombre, mère des deux seuls enfants de Zola qu'Alexandrine n'aura pas su lui donner.

Avec lui, Jeanne traversera l'Affaire Dreyfus, la découverte de leur amour par Alexandrine par une lettre anonyme.

Et à la mort de Zola en 1902, les deux femmes s'unissent pour éduquer Denise et Jacques, dans une solidarité admirable.

"Tu seras dans mes pages, dans toutes mes pages désormais" disait Zola à son amour de Jeanne, même si ce dernier ne saura jamais se résoudre à divorcer d'Alexandrine, trop conscient de ce qu'il lui devait et de l'humiliation publique que cela engendrerait pour celle qui a contribué à son succès.


Magnifique portrait d'une femme de l'ombre.


Jeanne R.


Zola, tomes 1,2&3 d'Henri Mitterand


Attention, ces 3 tomes s'adressent aux passionnés de Zola ou aux personnes cherchant des détails sur la vie de l'écrivain. Henri Mitterand, à ne pas confondre avec un membre de la famille de notre ancien Président de la République, est professeur universitaire à la Sorbonne, spécialiste d'Emile Zola et du naturalisme ainsi que président de la Société littéraire des Amis d'Emile Zola.

Une partie du premier tome concerne le passé de Zola, notamment la carrière professionnelle du père de celui-ci mort alors que le petit Emile avait 2 ou 3 ans. Vient ensuite l'enfance de Zola, son amitié avec Cézanne, également originaire d'Aix en provence et l'arrivée des deux amis à Paris où le groupe des Batignolles verra le jour avant le mouvement Impressionniste.

On découvre les avenues toutes neuves du Paris d'Haussmann, le scandale de l'Olympia de Manet va bientôt éclater, La Commune également.

Un immense ouvrage écrit par LE plus grand spécialiste d'Emile Zola.

Jeanne R. 


Henri Mitterand (toujours lui en ce qui concerne Zola), se lance dans l'autodictionnaire de Zola.

Véritable trésor de la pensée d'Emile Zola, H.Mitterand a utilisé les citations tirées des romans de Zola, de sa correspondance, de ses articles en tant que journaliste pour nourrir le point de vue de Zola sur tout un panel de termes.

Inutile d'essayer de lire cet autodictionnaire comme un roman. Non, il faut le picorer, le savourer, par curiosité jeter un œil sur une page au hasard ou plus précisément en pensant à un mot, un nom propre et se demander ce que Zola en pensait.

Une très bonne idée pour découvrir les pensées les plus intimes de celui qui, manque de journal intime, restera un mystère.


Jeanne R.


Les Rougon Macquart - Tome 1- La Fortune des Rougon


Premier roman de la famille des Rougon-Macquart. Cet ouvrage pose les fondations de cette histoire sociale du second Empire. Pour comprendre qui est qui (arbre généalogique ci dessus), petite mise au point de départ : Adelaïde Fouque, alias tante Dide voit le jour en 1768 à Plassans (ville imaginaire qui symbolise la ville d'enfance de Zola, Aix en Provence). Peu après ses 18 ans elle épouse un jardinier, Rougon et lui donne un fils Pierre. Mais 15 mois après son mariage, son mari meurt subitement et moins d'an un après, la commune de Plassans apprend que la tante Dide a un amant, un certain Macquart, homme violent, alcoolique et malhonnête dont elle aura deux enfants : Ursule et Antoine.

Tous les tomes des Rougon-Macquart s'attardent donc sur la branche officielle de la famille, les Rougon, attirés par l'ascension sociale et l'argent; ainsi que par la branche officieuse, les Macquart, dont l'ivrognerie, la violence mêlée à la folie héréditaire de la tante Dide, seront reconnaissables dans la lignée familiale. Sans oublier les Mouret, famille du mari d'Ursule, atteint elle aussi par la folie des Fouque.

La Fortune des Rougon a pour personnages principaux la tante Dide, Silvère Mouret le fils d'Ursule et enfin Miette, grand amour de Silvère et fille de braconnier.Ces deux héros-enfants de la révolte républicaine de 1851 en Provence. Intrigue sentimentale qui n'aura finalement pas lieu, la mort séparant très rapidement les amoureux. Tragédie faisant ressortir définitivement la folie héréditaire d'Adelaïde Fouque face à la mort de son petit fils.


Jeanne R.


Les Rougon-Macquert-Tome 2- La Curée

 

Aristide Rougon, fils de Pierre (et donc petit fils d'Adelaïde Fouque) a mal choisi son camp durant la révolte républicaine de 1951 et se retrouve le bec dans l'eau lorsque la victoire des bonapartistes ses derniers se partagent tous les avantages. 

Heureusement pour lui, Aristide trouve le moyen, par son frère ministre, de "tomber" sur les projets architecturaux de Napoléon III. En effet, ce dernier confit au baron Haussmann la refonte totale de Paris qui passe par la démolition des habitations sur le passage des futurs grands axes Haussmanniens. 

Profitant de la mort prématurée de sa jeune épouse, Aristide est libre pour répondre à l'offre de Renée : cette jeune bourgeoise souhaite acheter un époux pour ne pas se retrouver dans le déshonneur car enceinte de son amant déjà marié. Or, Renée, a des biens immobiliers qui concernent justement la démolition des projets architecturaux. Aristide commence alors une spéculation sur les biens immobiliers pour faire monter les prix des indemnisations. 

Mais tandis qu'Aristide change son nom en Saccard, synonyme d'argent, sa femme Renée profite de son nouveau statut de grande bourgeoise mais s'ennuie ferme. Et pour tromper son ennui, ne trouve rien de mieux que d'entamer une liaison extra-conjugale avec maxime.... le fils d'Aristide!

 

Jeanne R.

 


 Les Rougon-Macquart - Tome 3 - Le Ventre de Paris

 

Dans ce tome, l'action se passe aux Halles centrales de Paris, véritable "monstre" alimentaire pour les habitants comme le seront la locomotive dans la Bête Humaine, le magasin dans Au Bonheur des Dames ou encore l'alambic dans l’Assommoir. Les personnages de cette oeuvre sont Lisa Macquart (la sœur de Gervaise), sa fille Pauline qu'on retrouvera dans le tome "La joie de vivre" et son neveu Claude Lantier, personnage principal du roman "L'oeuvre". Mais le personnage principal est bel et bien Florent, le demi frère de Quenu, mari de Lisa. Déporté injustement sur l'île du diable en Guyane, il parvient à s'échapper du bagne et se fait embaucher dans les Halles. 

Mais il a beaucoup de mal à s'intégrer et deux événements vont précipiter sa chute : son rapprochement avec la grande rivale de sa belle soeur Lisa et sa participation aux réunions révolutionnaires. Lisa, après consultation du prête décide de le dénoncer, le sort de Forent est de nouveau aux bagnes....

Jeanne R.

 


Les Rougon-Macquart - Tome 4 - la conquêtes de Plassans

 

Marthe Rougon et François Mouret, tous deux mariés et installés à Plassans, petite ville de province. Ce couple de cousins (voire arbre généalogique ci-dessus) coule des jours heureux après avoir revendu leur commerce de marseille. Un jour, François Mouret décide de louer une de ses chambres à un jeune prêtre au passé trouble, l'abbé Faujas, de Besançon. 

Petit à petit, Marthe Rougon devient une fervente croyante et l'abbé Faujas et sa famille dépouille le couple jusqu'au dernier sous. On apprend que sa venue à Plassans n'est absolument pas dû au hasard mais pilotée de Paris par Eugène Rougon pour préparer les élections législatives à venir....

A travers Marthe on y retrouve le thème de la folie (peut être dû à la consanguinité) travaillé par Zola sous l'angle de la folie héréditaire (celle de la tante Dide, tome 1). 

La manipulation des personnages est comme d'habitude subtilement ficelée par l'écriture de Zola avec un abbé Faujas absolument prêt à tout pour parvenir à ses fins. 

 

 


Les Rougon-Macquart - Tome 5 - La faute de l'abbé Mouret

 

Le Paradou, sorte de paradis terrestre, voit naître et s'épanouir l'amour d'Albine, jeune fille confiée à son oncle depuis le suicide de son père, et Serge Mouret, l'abbé Mouret (fils de François et Marthe, tome 4). 

Au début du roman, le jeune abbé Mouret est entièrement dévoué à sa religion avant de rencontrer Albine et d'avoir l'esprit tourmenté par celle-ci. S'engage alors pour lui une lutte intérieure entre sa religion et son désir pour la jeune fille. Et comme Adam et Eve, dans le paradis terrestre symbolisé par le Paradou, ce magnifique jardin or du temps, Serge et Albine vont laisser aller leur amour et vivre leur idylle. 

« Ils cédèrent aux exigence du jardin. Ce fut l’arbre qui confia à l’oreille d’Albine ce que les mères murmurent aux épousées, le soir des noces. Albine se livra. Serge la posséda. Et le jardin entier s’abîma avec le couple, dans un dernier cri de passion. »

Mais repérés par un autre prêtre, Serge retrouve la mémoire et la raison. Il rentre de nouveau des les ordres et refuse de céder aux tentatives désespérées d'Albine de le reconquérir et de former une famille. Cette dernière, sans attache, sans religion, ne voit d'autre issue que de retourner dans le Paradou pour en faire son cercueil... 


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